Fils bien-aimé, proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, encourage mais avec patience et souci d’instruire. (2 Tm 4, 2)

Philippe (@phorterb)

lundi 20 novembre 2017

DANGER : penser est déjà une hérésie !

Politique et société, dialogue avec le Pape François.

Politique et société est un dialogue entre le pape et un certain Wolton, un intellectuel...  Le pape y montre une telle humilité qu’on a parfois l’impression que c’est lui qui recueille les propos de ce Wolton (parfois un brin vaniteux quant à lui) et non l’inverse, mais passons. Dans ces entretiens, le Saint-Père s’exprime avec insistance sur la question des migrants. Passons encore sur ce volet qui a déjà été beaucoup débattu dans la presse.


Intéressons-nous plutôt à un outil de discernement que propose le Saint-Père en établissant une hiérarchie dans la gravité des péchés. Que dit-il à ce propos ? (1) Les péché les plus légers sont ceux de la chair. Bonne nouvelle ! C’est ce qu’il appelle la morale sous la ceinture. Il nuance et précise ensuite : Les péchés de la chair ne sont pas forcément (toujours) les plus graves. Parce que la chair est faible. Les péchés les plus dangereux sont ceux de l’esprit. J’ai parlé d’angélisme : l’orgueil, la vanité sont des péchés d’angélisme. Nous y voilà ! Le Pape développe plus loin : Nous avons deux dangers très graves contre l’humanisme et on peut les nommer «hérésies» : le gnosticisme, qui consiste plus ou moins à dire que tout est idées et qui est apparu du temps des apôtres, et le pélagianisme, dont vous autres Français êtes les champions. Pensez à Port-Royal et à Pascal. Mais le grand Pascal lui aussi est presque tombé dans le pélagianisme, lui qui est maître de l’esprit et de l’humanisme. Ce n’est hélas pas la première fois (2) que je sens LA FAUSSE NOTE potentiellement visée par une accusation de gnosticisme !


Je n’ai qu’une idée assez vague de ce que sont le gnosticisme et le pélagianisme. Je suis un peu devant ces étiquettes comme une poule devant un couteau. J’ai cru comprendre en gros ceci :
  • Le gnostique succombe à la tentation d’arriver par lui-même, par la raison, à la connaissance du sens des choses cachées, il adopte une conception dualiste de l’homme : corps et esprit. Il prétend rendre compte de Dieu de l’homme et du monde de manière rationnelle, c’est à dire en se limitant à la mesure de l’homme.
  • Le pélagien revendique son libre-arbitre, se tient pour libre devant Dieu et croit à l'efficacité de son effort personnel pour pratiquer la vertu. Pélage ne niait toutefois pas l’importance de la grâce divine.


L’idée selon laquelle, en matière de péché, la sexualité est souvent l’arbre qui cache la forêt est intéressante. Quant à la forêt, on voit bien que la question tourne autour de l'orgueil, de la vanité, du manque d’humilité. Vous entendez ça, cher M. Wolton ? Moi aussi, je dois entendre !


Tout ceci me fait tout de même penser à l’inscription qui trônait autrefois dans les ateliers de l’ancienne école des Beaux-Arts à l’intention des nouveaux étudiants en architecture : les nouveaux n’ont qu’un droit, celui de se taire, et on parle de leur enlever. C’était déjà censé leur enseigner l'humilité à eux aussi. Penser, c’est commencer à désobéir, dit-on encore chez les militaires. Bref, peut-être bien que je ne suis qu’un gnostique et un pélagien qui s’ignore mais Galilée n’en était-il pas un autre, beaucoup plus illustre ? Et Teilhard de Chardin ? Loin de moi naturellement l’idée de me placer sur le même plan que ces illustres personnages, mais j’éprouve un certain malaise. Qui pourra m’éclairer sur la légitimité de LA FAUSSE NOTE ?


Priez pour moi !


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Page 249 et s.

Cf. article de Jean-Michel Castaing publié dans Cahiers Libres :

La révolution sexuelle nous a-t-elle libérés ? que j’ai accompagné d’un commentaire en ligne sur la question du gnosticisme.







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